Du coup que va t il se passer ?

Sans pétrole et sous les dévastations du dérèglement du climat : que va t il se passer ?

Ce que le pétrole a permis

Le pétrole, exploité depuis les années 1850, permet de réaliser des gains économiques immenses.

Sans pétrole, que restera t il de toutes ces aides solidaires et de ces inégalités réduites ?

Le chômage n'existait pas avant le premier choc pétrolier de 1974.

La dette publique des Etats occidentaux était quasi inexistante avant les chocs pétroliers.

Depuis 2005, les dettes publiques explosent, le taux d'emploi baisse, les inégalités s'accroissent.

Plus la population augmente, plus la forêt et la biodiversité sont détruites

Avant la découverte du pétrole qui a démultiplié les rendements agricoles, les récoltes étaient très faibles par rapport à la surface cultivée.
Pour nourrir toute la population, il fallait du coup cultiver beaucoup de surfaces pour combler ces faibles rendements. Dans tous les pays du monde, lorsque la population a augmenté, nous avons donc coupé toujours plus de forêts pour cultiver plus de surfaces, afin de réussir à nourrir tout le monde.

C'est un fait qui a été constaté partout dans le monde : Plus la population augmente, plus la déforestation augmente.

Quand il n'y aura plus de pétrole, avec 8 milliards d'êtres humains à nourrir, que restera t il de la forêt qui est déjà dramatiquement entamée ? L'augmentation hyperbolique de la population est responsable de la destruction vertigineuse de la biodiversité. Quand le pétrole aura disparu, et que cette population gigantesque défrichera les dernières forêts pour se nourrir, que restera t il de la biodiversité ?

"La déforestation et la prédation des espèces sauvages sont potentiellement mortelles pour une partie de l'humanité" "Préserver la forêt mondiale parce que nos vies en dépendent" "Ce que nous avons du mal à accepter au nom de la défense de l'environnement, peut-être que nous le ferions avec bien plus de facilité s'il s'agit tout simplement de rester en vie". Jancovici

Sans pétrole, comment nourrir 8 milliards d'êtres humains ?

Il y a plus prioritaire encore : se nourrir tout court.

Sans pétrole, nous subirons de force le retour au mode de vie d'avant 1850. Sauf qu'en 1850, il y avait "seulement" 1 milliard d'êtres humains à nourrir sur la planète. Aujourd'hui, il y a 8 milliards d'êtres humains à nourrir. Et aujourd'hui, les rendements agricoles sont chaque année un peu plus dévastés par le climat déréglé.

Sans pétrole, avec les dérèglements climatiques enclenchés, nourrir plus de 8 milliards d'êtres humains est impossible.

Les cultures que nous réussirons à produire sans l'aide des machines agricoles seront régulièrement ravagées par des tempêtes ou des sécheresses. La chasse et la pêche ne seront pas suffisantes pour combler ce manque de nourriture. Il y aura donc forcément des morts.

Dans 10 ou 20 ans, ce sera peut-être sans doute du coup la désorganisation totale, le chaos. Famines, guerres, maladies, inondations, sécheresses, incendies, tempêtes, dictatures.

Les conséquences de la fin des énergies fossiles

La question c'est de savoir comment sauver le maximum de vies. C'est à dire comment anticiper au mieux la production agricole sans pétrole, sur les surfaces de la planète qui ne sont pas encore devenues arides ou qui ne sont pas encore sous l'eau.

La quantité d'énergie électrique et la quantité de machines électriques que nous réussirons à produire avant la fin du pétrole en Europe constituera un bien maigre parachute pour freiner la probable baston générale pour la survie. Cette quantité d'énergie électrique et de machines électriques aura quand même le mérite de représenter la proportion de la population que nous réussirons à sauver.

En 2050, nous nous souviendrons de ceux qui, des années en amont, auront fait les bons choix pour l'avenir.

Dans seulement 100 ans, à cause du réchauffement climatique, les prévisions sont qu'il y aura beaucoup moins d'humains sur Terre. Et que ces humains vivront avec beaucoup moins qu'aujourd'hui. La Terre n'est déjà aujourd'hui plus vivable pour une partie de l'humanité, à cause des inondations, des sécheresses, de l'aridité des sols. La fraction des gens pour qui la Terre ne sera plus vivable va augmenter un peu plus chaque année.

Avec un stock de pétrole sous terre qui a déjà dépassé son pic de production, la croissance est devenue impossible

La croissance infinie dans un monde fini est impossible. C'est une évidence. Peut-être difficile à accepter, mais qui ne peut être ignorée.

De fait, la récession économique a déjà commencé depuis le second choc pétrolier en 2008, nous la ressentons, certains la vivent même déjà fortement aujourd'hui. La preuve par les faits, la production en Europe aujourd'hui est toujours inférieure à ce qu'elle était en 2007 :

La croissance ne repartira pas. Inutile de croire les faux calculs de PIB dont les mauvaises corrections de l'inflation essaient de donner encore l'illusion, et qui surtout ne sont pas calculés à partir des stocks de ressources terrestres. Les stocks de ressources terrestres devraient être les données d'entrée de ces calculs de PIB, or ils ne font tout simplement pas partie de l'équation.

Aujourd’hui, tout ce qui fait l’objet d’échanges marchands continue à être basé sur des prélèvements dans la nature : nous prenons des ressources naturelles (sols, photosynthèse, minerais, hydrocarbures, etc) et nous les « utilisons » pour en faire des produits, certains dits « naturels », même quand nous avons utilisé des auxiliaires artificiels (par exemple des pommes, qui sont récoltées avec un tracteur) et d’autres « artificiels » (par exemple une clé à molette).

Ce constat permet déjà d’en amener un autre : sans ressources naturelles, fin du PIB ! Et, ami lecteur, regardez autour de vous au moment où vous lirez ces lignes : tout ce que vous voyez ne sera que ressources naturelles, transformées de la main de l’homme ou non. Rien n’y échappe.

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Le produit intérieur brut de l’humanité s’est élevé en 2010 à environ 60 000 milliards de dollars. Pour permettre cette production de biens et services de toute nature nous avons :

Question : à partir de quelles valeurs pour tout cela est-ce que nous nous fourrons le doigt dans l’œil jusqu’au plexus en pensant que nous nous sommes globalement enrichis cette année là ? Car le véritable enrichissement n’est acquis que si la valeur marginale des biens que nous avons créés en 2010 (c’est-à-dire le PIB de l’année) est supérieure à la valeur marginale des stocks « naturels » que nous avons détruits (tout de suite ou de manière différée) pour y parvenir.

La multiplication des goulets d’étranglement sur la disponibilité en ressources naturelles, à commencer par les stocks de pétrole, et un climat stable pour suivre, va rendre de plus en plus difficile le maintien d’une croissance économique. En toute bonne logique, en prolongation tendancielle, des crises économiques que « personne ne voit venir » vont hélas se produire de plus en plus souvent, alors même que nous croulons sous le capital humain (dont le capital financier) et sous la main d’oeuvre disponible, mais nous n’aurons tout simplement plus de ressources à donner à transformer aux usines rutilantes employant des ouvriers l’arme au pied. Il est urgent de changer de lunettes ! Jancovici

Rappelons nous que notre planète regorge d'actifs naturels indispensables à la vie et qui sont pourtant gratuits. Sans même aller jusqu'aux espèces vivantes, l'existence d'une atmosphère et d'un cycle de l'eau sont indispensables à toute entreprise, et pourtant n'apparaissent dans aucun compte de résultat. Jancovici

Inutile donc de croire ce genre de propos qui annoncent la "reprise de la croissance" ou la "hausse du pouvoir d'achat", car c'est physiquement et géologiquement impossible : les stocks de pétrole, de gaz, de charbon, et de minerais se vident, la plupart ont déjà dépassé leur pic de production et ne reviendront plus jamais à une production en hausse. Sans carburant ni matières premières, les machines ne tournent plus, ne produisent plus, il n'y plus de croissance. Donc pas de hausse du pouvoir d'achat.

N'attendons pas de crever de faim pour changer nos habitudes de vie. Surtout quand ces habitudes de vie plus mesurée mènent à une meilleure santé et à une cohérence intérieure, donc à une vie plus heureuse.